De la Pluie, encore. [ Ryo ]

Jour de mort, jour sombre, jour sans lumière, jour sans vie.
Il pleuvait dehors, les gouttes se fracassaient inlassablement contre les vitres closes. La buée s’était formée dessus. A l’extérieur, la brume régnait en maîtresse des lieux, on ne discernait rien à plus de deux mètres. Aïko, assise sur le rebord d’une fenêtre, derrière une fenêtre, la jambe droite pendant dans le vide tandis que l’autre était repliée contre son abdomen, faisait mine d’observer en silence le triste paysage qui s’offrait sous ses yeux qui, malheureusement, ne voyaient absolument rien. La kunoichi était ce que l’on peut qualifier de « glaçon » en ce moment, tellement elle ne faisait attention à rien, n’exprimant rien d’autre que de la tristesse. Ameki avait peur qu’elle retombe dans une phase non-existence. Mais Aïko n’entendait que d’une oreille ce qu’ils pouvaient dire, ses deux coéquipiers. Plus rien n’avait de sens pour elle, alors la jeune damnée se contentait de poursuivre la route de son nindô, et d’en crever au bout. A quoi bon ? Rien ne pouvait guérir son esprit, rien ni personne, pas même son idéal. Toutes les choses extérieures étaient rejetées, son intérieur empoisonné, rongé, déchiré, consommait par un sentiment non inconnu mais encore plus fort que la haine. Il n’y avait qu’une phrase qu’elle se répétait à chaque instant de la journée.

le

Le mot était faible, incorrect, erroné pour qualifier l’être qu’elle ne cessait de maudire et essayer de proscrire de sa tête. Ses phalanges tracèrent des arabesques sans queue ni tête sur la vitre. D’habitudes, Aïko n’était pas rancunière, voire pas du tout, mais là, il avait été trop loin, il avait fait plus qu’elle ne pouvait en supporter, il l’avait détruite. Complètement détruite, de part en part, à chaque recoin de l’âme. Aïko sentait son propre cœur battre tout en se déchirant un peu plus à chaque pulsation. L’idée même de le tuer ou de le faire souffrir ne la soulageait pas. La mort était bien trop douce pour un chien de son espèce. La Kaimetsu pencha sa tête sur le côté, la fenêtre se fissurant par endroit, le craquement se fit à peine entendre mais cela était comme une suave musique aux oreilles d’Aïko. Elle retira ses doigts du verre, restant comme a un bon moment. Ameki et Yutsuki –qui étaient entrain de préparer divers plans- entreprirent de prévenir leur camarade de leur absence :

Nous nous absentons quelques heures, Aïko. On va essayer de rapporter à manger pour ce soir.

Elle ne dit rien, ils partirent encore plus abattus par l’attitude de leur coéquipière. La pseudo-criminelle demeurait fermée, inlassablement fermée. Son caractère d’habitude brûlant envers eux, il était devenu aussi monotone et ennuyant que la pluie. Mais on ne pouvait pas en dire autant de sa puissance actuelle, la jeune fille avait fait des progrès très remarquables en seulement quelques mois. Peut-être que la haine qu’elle lui portait l’avait conduite à s’améliorer jusqu’à en saigner et se traîner dans la boue ? Recherchée et crainte un peu partout, Aïko s’était forgée une vilaine réputation et ne faisait rien pour l’améliorer. Pour elle, ils pouvaient penser ce qu’ils voulaient, même transformer la vérité, elle s’en fichait désormais. Un soupir froid s’échappa de sa bouche, ses agissements flegmatiques de plus en plus intenses n’était plus une surprise pour Ameki et Yutsuki. Mais le problème c’est que cela allait de mal en pis.
Le vent parvint à forcer la fenêtre, et elle s’ouvrit brusquement, Aïko s’écarta sans peine pour éviter de se prendre un des portes. Elle la referma, mettant le verrou dessus. Bon, ça suffit, elle étouffait ici, la jeune femme décida de sortir sans prendre de protection. C’est à dire qu’elle sortit couverte d’un haut apparentant plus à un soutien gorge, et d’une sorte de short très court. Elle ne désirait pas s’encombrer de vêtement alors qu’elle supportait déjà le poids d’un arc et d’autres armes assez conséquentes dans leur masse. La pluie lui labourait les épaules sans ménagement, qu’importe, elle avançait. Sans but et sans issu au bout de cette marche improvisée. Lorsque la pluie fut trop forte, Aïko se décala sur le côté, se mettant à l’abri sous une ruine ayant encore un plafond. Elle s’assit calmement contre un angle de mur, dans l’obscurité, son œil droit se colora en rouge, une pupille verticale stria l’iris. Isklive avait enfin décidé de se montrer après un sommeil de 33 h, un record chez lui.

Fuck, quel temps de merde. Tu te souviens qu’il pleuvait quand il t’as sauvé et quand tu l’as emmené au camp ? Ahahah.

Isklive, maudit soit tu, être repoussant, créature ignoble et source à ignominie. Aïko baissa les yeux, sans pleurer, ils étaient secs depuis des lustres. N’ayant pas versé une larme depuis ce fameux jour, où il l’avait laissé sous l’orage. Puis, la kunoichi releva la tête, son attention attirée par une chose inconnue.

- Han han ! Foutu brouillard de merde, je vois rien ! ><
- Tu devrais pourtant être habitué au brouillard, tu viens de Kiri...
- Peut-être bien, mais ça ne veut pas dire que j'arrive à voir à travers cette brume !

Le Bijuu ne répliqua pas et disparut totalement de la conscience de l'Oinin qui haussa les épaules. Le jeune homme soupira en regardant autour de lui, jetant des coups d'oeil un peu partout, à la recherche d'un abri. Cette pluie torrentielle commençait à l'énerver et elle ne faisait que réduire encore plus sa vision. Il voyait à peine à deux pas de lui. C'était vraiment chiant de toujours regarder où on mettait ses pieds lorsqu'on marchait. Mais bon, il n'avait pas trop le choix, il avait bien trébucher sur une racine d'arbre tout à l'heure et il ne souhaitait vraiment pas recommencer. Sa tenue d'ANBU était toute sale, à vrai dire, il était sale, point. Et pour rajouter à la situation pénible dans laquelle il se trouvait, il ne savait pas du tout où il était. Il pouvait bien être tout juste devant le sanctuaire de l'Akatsuki qu'il ne le saurait même pas et à vrai dire, il espérait que ce ne soit pas le cas, pas moyen de se battre dans un brouillard pareil...Bref, il finit par se réfugier sous un arbre. Il prit ensuite le sac qu'il tenait sur ses épaules. Il l'ouvrit et découvrit malheureusement qu'il ne lui restait plus rien à manger ni à boire, pas même une seule goutte. Il passa une main à sa figure, découragé. Bon sang, il avait vraiment pas de chances. Lui qui avait déjà faim...

Rerfermant son sac qu'il remit sur ses épaules, il sauta sur une branche de l'arbre, question d'essayer de se situer un peu. Pas moyen, ce brouillard était vraiment trop épais, il ne voyait qu'à peine le sol d'où il était. Deux choix s'offraient donc à lui, continuer à marcher en espèrant trouver un abri ou quelqu'un pour l'aider ou attendre ici que le brouillard passe. Comme il n'avait aucune envie de passer des heures assis au pied d'un arbre, il décida de choisir la première option. Il sauta donc en bas de l'arbre, retombant sur ses deux pieds. Il reprit ensuite sa marche, à la recherche d'un abri.

Et voilà que le vent se mettait de la partie aussi. Vraiment, cette journée serait à oublier, le brouillard, la pluie et maintenant le vent. Les trois réunis s'était vraiment un enfer. Il devait vraiment trouver un endroit où s'abriter sinon il finirait par crever. Avec le vent, la température avait relativement chuté et sa simple tenue d'ANBU ne le tenait pas vraiment au chaud. Il n'avait même pas pensé à s'amener des vêtements plus chaud...Il sortit de ses pensées lorsqu'il trébucha sur une pierre. Heureusement, il réussit à conserver son équilibre et ne pas tomber sur le sol boueux. L'Oinin jura ensuite. Oui oui, il s'énervait contre une pierre. Se rendant finalement compte du ridicule de son acte, il se calma enfin et réalisa qu'il se trouvait maintenant dans ce qui semblait être des ruines d'une ancienne ville. Il n'avait jamais entendu parler de cet endroit auparavant et il n'avait jamais mit les pieds ici non plus. Il était vraiment perdu cette fois...Au moins, il pourrait sans doute se protèger du mauvais temps dans ces ruines. Marchant lentement dans les ruines, son masque d'ANBU au visage et son épée dans son fourreau, sur son dos, l'Oinin entendit soudainement une voix ou plutôt, un murmure. Il y avait quelqu'un ici? Super ! Il pourrait peut-être retrouver son chemin finalement ! Il changea donc de direction pour se diriger vers cette voix inconnue.

Il aperçut finalement la personne à qui cette voix appartenait. Il resta clouée sur place en se rendant compte que la jeune fille qui se tentait à quelques mètres de lui ne lui était pas étrangère. Il ne pouvait pas la détaillée en détail dans ce brouillard mais il parvenait à voir la plupart des traits du visage de la jeune femme. Il était certain de l'avoir vu quelque part...Plongeant sa main dans sa poche, il sortit son bingo book. Il tourna les pages pour se rendre dans la section des rang «S». Ses yeux s'aggrandirent en reconnaissant le visage de la jeune femme devant lui. Kaimetsu Aïko...Criminelle de rang S accusée de nombreux meutres et de massacres en tout genre. Elle était parmie les déserteurs les plus dangereux de ce monde. Dans ce cas, il préférait oublié sa première idée qui était de saluer la jeune femme comme à son habitude, avec bonne humeur et un grand sourire. Il n'était pas question de faire comme avec les autres déserteurs non plus, il ne pouvait pas se permettre de plaisanter avec elle...Ah merde ! Il avait pas grand chance de s'en tirer cette fois. Pourtant, il refusait de fuir, cette femme devait assurément savoir certaines choses sur son frère...L'ANBU rangea donc son bingo book et resta immobile, se contentant de fixer la jeune femme en silence. Il hésitait entre s'approcher ou fuir. Il posa donc sa main sur la garde de son épée, par précaution puis il attendit...

Aïko fit mine de fixer la créature, plus communément appelée « Aokawa Ryo » ou Oinin de Kiri. Elle reconnut sans peine qu’il devait s’agir d’un chasseur de déserteurs, ne demandez pas pourquoi elle le savait, c’était comme ça, chaque catégorie de shinobi dégageait une aura particulière en plus de la leur. Son œil droit carmin se plissa lentement, dévisageant le jeune homme avec toute l’ironie du monde, limite s’il ne se fichait pas tout haut de lui. Le gauche demeurait détaché, sans état d’âme. Aïko se demandait quoi faire, elle n’allait pas tuer ce pauvre juunin ? Bah de toute façon, elle ne faisait que les blesser, et ils repartaient aussi sec. Sauf que celui-ci ne l’avait pas encore attaqué, Aïko resta immobile pour le moment. Puis un sourire inexpressif fendit son visage, assez effrayant à voir, s’adressant bien sur au Kirinien. L’être répondant au nom de Kaimetsu se leva, en prenant son temps, mais elle ne fit aucun pas vers le garçon. Soudain, la jeune femme disparut en une légère fumée blanche, un clone. Une main enserra durement le poignet du shinobi, celui dont les doigts étaient sur la garde de l’épée. Les ongles de la kunoichi se plantèrent jusqu’au sang dans la peau du jeune homme, et sa force l’empêchait de faire un seul mouvement avec son bras :

Dit-elle simplement, sans aucune menace dans la voix, ni promesse de mort. Elle lui conseillait juste de ne pas tenter un seul geste offensive ou défensive envers sa personne, ou ça allait mal se finir. Mais le shinobi, ne la connaissant pas, comprendrait t-il ce message ? L’hémoglobine perla puis tomba en fines gouttelettes sur le sol trempé, Aïko se retira, en clair elle lâcha notre jeune juunin. La déserteuse ne semblait pas animée d’une seule motivation pour se battre ou répandre les viscères d’une personne quelconque. La jeune femme retourna devant lui, sauta et s’assit sur le toit de la ruine face au Kirinien, l’observant de ses yeux aveugles. Il lui rappelait vaguement quelqu’un, dont elle avait déjà perçu l’aura, Aïko connaissait à peu près tout les nukenin vivant par ici ou dans le coin, voire dans tout le monde shinobi. « Son » camp faisait parti d’un des plus importants, mais que personne n’osait vraiment approcher à cause d’elle-même et de sa sale réputation. Mais les autres ninjas cohabitant avec elle n’avait pas à se plaindre, elle ne se montrait en aucun cas agressive avec eux, c’était même plutôt le contraire. Ils étaient contents de pouvoir écouler leur petite vie sans qu’aucune force extérieure ne vienne les embêter en raison d’Aïko et Isklive bien sûr. Bref, son regard vairon ne quitta pas le ‘bleu’, accoudée à sa cuisse droite et le menton au creux de sa paume, aucun autre son ne sortit de sa gorge. Elle réfléchissait en fait, des noms lui défilaient en tête sans pour autant l’éclairer. La pluie ne se stoppa pas, tombant comme des seaux d’eau, se déversant sans retenue sur les deux jeunes gens.

Quel gland d’abruti, il a rien dans le pantalon.

S’exclama une voix grave venant du néant, Aïko ne changea pas sa mine, mais elle avait envie de frapper cet enfoiré d’Isklive intérieurement. Pourquoi avait-il fallu qu’il puisse s’exprimer en toute liberté ? Pourquoi n’avait t-il pas besoin de la bouche de son réceptacle pour se permettre d’articuler un mot ? Et bien non ! Il pouvait balancer ses vannes comme ci, comme ça, sans rien qui puisse le retenir. En remarquant la vivacité du sujet examiné devant elle, elle s’attendait à une réaction explosive. Isklive ricana dans son esprit, heureusement que ça, il ne l’entendait pas Ryo, car ce n’était vraiment pas flatteur ce qu’il continuait à dire. Aïko dit en elle-même « Tais-toi espèce de malade. » Mais rien ne pouvait arrêter le grand Isklive Kaimetsu, qui continuait à rire du pauvre juunin n’ayant rien demandé de cette situation. La kunoichi se massa les tempes tout en continuant sa méditation tout en impassibilité, elle eut une illumination imprévisible, avant que le ninja ne put une seule chose contre elle, ses lèvres bougèrent :

Ca y est, elle se souvenait du nom de ce shinobi à la même allure que lui. Il restait à voir s’il le connaissait.

L'Oinin sentit le regard de la jeune femme se tourner vers lui. Brr...Son regard était vraiment terrifiant et surtout très étrange. Son oeil gauche semblait le fixer avec ironie, presque avec dégout alors que l'autre semblait mort, sans vie. Pour rajouter au sentiment de terreur qu'elle inspirait, un sourire apparut soudainement sur le visage de la jeune femme. Se doutant que ce sourire ne signifiait rien de bon, sa main se crispa sur la garde de son épée alors qu'il se tenait près à dégainer à tout moment. La déserteuse de rang S se leva finalement, prenant bien son temps. Elle ne semblait aucunement menacée par la présence d'un ANBU. Elle semblait s'en ficher carrément. Alors qu'il allait prendre la parole, la nukenin disparut soudainement. Un déplacement rapide? Nan, elle ne pouvait pas être aussi rapide...Il s'était tout simplement fait avoir avec un clone, comme la fumée blanche le démontrait...Il voulut alors se retourner mais il fut arrêté dans son mouvement.

La criminelle de rang S se tenait derrière lui, une main autour de la sienne pour l'empêcher de dégainer Eledia. Il sursauta, quand avait-elle bouger? Il y avait à peine une seconde, il ne pouvait même pas ressentir sa présence. Il cessa rapidement de se questionner lorsqu'il sentit une douleur vive le prendre au poignet. Elle lui enfonçait les ongles dans la peau. L'Oinin tenta en vain de se dégager, impossible, il n'arrivait même pas à bouger sa main. Quelques mots parvinrent ensuite à ses oreilles. Ne pas faire ça? Pas faire quoi? L'attaquer? Ce n'était pas très logique à ses yeux, il était un Oinin, s'était son devoir d'éliminer les déserteurs...La déserteuse se décida finalement à laisser le jeune homme. Celui-ci pouvait sentir le sang coulant le long de son bras. Tss...Ce n'était pas bien grave mais ça l'énervait, il n'avait rien qu'il avait put faire, elle aurait très bien pu le tuer ou le blesser sérieusement à cet instant. Elle devait pourtant savoir qu'il était un ANBU non? Alors pourquoi? Le jeune homme ne prit pas le temps de se casser la tête, il était vivant, pour le moment, c'était ce qui lui importait le plus. Il ne devait pas oublier d'essayer de récolter des informations sur son frère. Ça risquait d'être difficile...

*Elle est bien plus forte que moi...Kuso ! Mais qu'est-ce que je fous ici?*

Une nouvelle voix s'éleva alors. Elle était différente de celle de la jeune femme. Plus grave, plus masculine...D'ou pouvait-elle venir? Il n'avait pourtant pas vu les lèvres de la jeune femme bouger et il ne sentait aucune autre présence dans les alentours...Les paroles de cette voix inconnue énervèrent cependant l'Oinin, bien que sous son masque représentant un renard, ce n'était pas très visible. Mais on pouvait tout de même voir qu'il avait serré les poings. Il tentait de se maîtriser au mieu. Hmph...Si au moins il pouvait savoir ou était la personne à qui cette voix appartenait. La logique voudrait qu'elle appartienne à la jeune femme mais le jeune homme n'y croyait pas. Il sortit cependant de sa réfléxion en entendant le nom de son frère jumeau. Il tourna un regard noir en direction de la déserteuse de rang S. Donc elle le connaissait...Cette fois, le jeune homme explosa...

- TU LE CONNAIS...? OU EST-IL?

C'était la chose la plus importante pour lui en ce moment, savoir ou se trouvait son frère. Il pourrait alors se rendre à cet endroit et il pourrait ramener son frère à Kiri. L'Oinin se retenait pour ne pas sauter sur la jeune femme immédiatement, pour qu'elle lui révèle l'emplacement de son frère plus rapidement. Il ne pouvait pas se permettre de faire quelque chose du genre, mort, il ne pourrait jamais retrouver son frère. Il se contenta donc de retenir ses impulsions et attendit patiemment une réponse.

» Pluie de sabres