Kaimetsu's Training

Un vent glacial balaya les champs de ruine, soulevant la chevelure verte d’Aïko. A ses pieds, tout ce qu’il y avait, n’était plus qu’un amoncellement de débris, de cadavres et de mauvais souvenirs entrelacés. Le bâtiment D n’existait plus, jamais. A terre, devant elle, le chef gisait, convulsé par les souffrances de l’agonie. Peu importe, il avait ce qu’il avait trop longtemps cherché. L’épée d’Aïko diffusa une légère lumière blanchâtre, reprenant sa forme originelle de petite boîte à musique en forme de cœur. Elle baissa la tête vers le mourant, sans aucune pitié ou compassion dans ses iris. Son pied droit écrasa la figure du chien sans remord, il esquissa une vague grimace de douleur tandis que ses organes vitaux commençaient à défaillir.

Tu n’as gagné qu’une bataille…Kaimetsu…

De derniers tremblements, un râle de douleur et il mourut comme la charogne qu’il était. Son corps devint raide, froid, ses pupilles se décolorant, se transformant en ceux d’un mort. Aïko s’écarta de lui, partant s’asseoir sur une ruine pour récupérer quelque peu de son combat. Deux hommes bondirent près d’elle, aussi amochés qu’elle mais visiblement sans danger. Ameki et Yutsuki étaient ses coéquipiers depuis un an, un an d’entraînement intensif pour déboucher à cela. Il n’y avait plus que quatre bâtiments à présent, il fallait découvrir le C avant que ça ne soit eux qui le fassent. Mais bon, Aïko avouait qu’il leur fallait un temps de repos avant de reprendre tout cela et en encore plus dur. La kunoichi passa une main sur son visage pour en essuyer les traces de sang encore fraîches et dégoulinantes. Elle avait hâte de rentrer pour prendre une douche. Son souffle retrouvé, Aïko commença à se relever pour partir. Lorsque que tout un groupe d’anciens détenus se forma devant eux, elle s’arrêta, les fixant malgré sa cécité. Son regard se fit interrogateur puis ils s’inclinèrent tous en moins de dix secondes. Yutsuki et Ameki arrondirent les yeux, Aïko resta de marbre, elle devina ce qu’il faisait par leurs ondes. Et un sourire en coin se dessina.

Des cris de joie s’élevèrent dans l’air, ravivant des flammes chaleureuses dans le cœur d’Aïko. Ils se redressèrent, et se dispersèrent chacun de leur côté en plusieurs petits groupes. Le bonheur était au menu aujourd’hui…Certain n’irait pas au bout de leur voyage…Trop affaiblis et en sous alimentation…Tués par des Oinins….Mais…Ils auront au moins connu la liberté et vu la belle lueur et chaleur du soleil…Bref… Ameki s’approcha de deux gamins qui n’étaient pas partis, eux. Ce n’était autre que Suiteki et Tatsuya Miraï, les deux petits frères jumeaux d’Ameki. Ils avaient dû avoir neuf ans il n’y a pas longtemps, il prit Suiteki dans ses bras tandis que Yutsuki se chargeait de Tatsuya. Aïko les suivit en silence, le chemin lui paru très long avant d’arriver à son cher camp. Les déserteurs l’accueillirent, aidant la Kaimetsu à se soigner et bander ses plaies. Yutsuki resta à l’écart, en solitaire, préférant s’occuper de lui tout seul. Ses pensées étaient à son père, le chef de toute l’organisation, Kurorakuen. Quelle serait sa réaction quand il apprendrait que le plus faible de ses bâtiments avait été rasé par la fureur de la fille de ses deux anciens meilleurs amis ? Sûrement pas des plus bonnes…Mais cela l’amusait, songer à l’agacement de son géniteur le faisait jubiler intérieurement. Il le narguait en quelque sorte, son père ne pouvait le toucher tant qu’il était ici et il comptait bien y rester. Il leva ses yeux horizon vers Ameki, ce dernier s’occupait de ses petits frères avec le plus grand soin, mais surtout il ne voulait pas quitter leurs bras. Il discernait même des larmes de soulagement et de joie, il le comprenait…Retrouver des êtres chers, c’était beaucoup d’émotions et de bonheur qui se mélangeaient. Yutsuki observa Aïko, elle demeurait insensible, comme à son habitude. Avant elle n’était pas comme ça…Mais depuis sa disparition, elle était ainsi. Amère, triste, impassible, presque froide et sèche. Il paraîtrait même qu’il était mort, après l’avoir lâchement abandonné sans aucune excuse. Yutsuki ne savait que penser de cela, il aimait son nii-chan de cœur, mais ne trouvait rien pour le défendre et il aimait aussi Aïko et ne trouvait rien pour la consoler mis à part sa présence qui ne comblait pas même un quartier de son âme.

Sans aucun doute, c’était bien la journée la plus calme qui avait eu lieu depuis bien longtemps. Pas un croassement de corbeau ne vint perturber le camp des déserteurs, et pourtant il y en avait souvent beaucoup de ces stupides volatiles. Cependant, dans « l’immeuble » des déserteurs, c’était beaucoup plus animé. Rappelez-vous, vingt-quatre heures auparavant, Kurorakuen perdait un de ses bâtiments à cause d’eux. C’était une victoire au goût très savoureux dont tout le monde se délectait, sauf elle…Aïko…Elle ne voyait pas la justice triompher, juste le début du malheur débuter, car il restait quatre de ces choses à détruire encore, et elles étaient plus puissantes les unes que les autres. Mais surtout, à cause de lui, plus rien ne pouvait lui faire plaisir ou la satisfaire. Ainsi, même voir ressusciter un être cher ne la décollerait pas de cette obsession. Non, pire, cela s’était transformé en psychose. Et tôt ou tard, la crise lui montera au cerveau, le sang tambourinerait à ses oreilles, son cœur battra tellement fort qu’elle en perdrait l’esprit. Et une chimère prendrait forme à la place d’une jeune femme qui n’avait rien mérité de tout cela. L’Akatsuki était active, même très, elle traquait les jinchuuriki, seules personnes la comprenant en ce bas monde. Aïko ignorait son but, et au fond elle, s’en fichait complètement, c’était son ennemie et cela s’arrêtait là. Sur le dos, tranquillement allongée de tout son long sur son futon, elle méditait tout en gardant un œil sur Yutsuki, Ameki et ses petits frères particulièrement surexcités. Quoi de plus normal après avoir connu cinq ans de captivité. Aïko croisa ses bras derrière sa nuque, essayant de se concentrer sur une technique à apprendre, quelque chose d’utile. Médical ? Mais elle n’y connaissait quedal à ça… Il faudrait qu’elle demande à Yutsuki à l’occasion, cela pourrait lui servir plus d’une fois. Puis l’image d’un blondinet lui frappa la tête, elle serra les dents, agacée. Et elle pensa tout fort « Dégage, bordel ! » et le petit monde se tourna vers elle, interpellé. Aïko grommela un « C’est pas à vous que je parlais… » Tout en se couchant sur le côté pour ne pas se faire voir. La kunoichi plaqua une main contre sa tête, prise d’une migraine très forte qui ne faisait que s’amplifier au fur et à mesure qu’elle voulait oublier. *Va t-en…Laisse moi…* Elle se recroquevilla sur elle même comme une enfant malade, puis la douleur finit par passer. Aïko se détendit, les yeux mi-clos, les paroles prononcées derrière elle lui effleuraient à peine l’esprit. Sa chevelure verte se posa sur son visage mélancolique, tout en silence, comme une plume. Pour l’instant, elle n’avait envie de rien faire, juste de dormir et que tout s’en aille de sa tête pour se réveiller plus en forme que jamais…Mais Aïko savait que ce n’était pas possible, plus le temps passerait et plus cela s’ancrerait et plus sa haine augmenterait pour un jour finir par exploser. Elle enfouit son visage dans ses mains, mais elle ne pleurait pas, ça ne voulait pas s’échapper, du moins pour l’instant. Ils avaient cessé de parler, tous, observant la Kaimetsu et son manège. Ameki et Yutsuki ne posèrent pas de questions, ils savaient déjà ce qui se passait chez elle. Elle n’avait toujours pas digéré cette affaire, six mois que cela durait…Ameki s’approcha d’elle, tentant de poser une main sur elle, elle se redressa brusquement en le repoussant, Aïko lui hurla de ne pas la toucher. Elle bondit par dessus son lit, et s’enferma dans la salle de bain qu’elle verrouilla par du chakra noir. Elle n’allait certainement pas se suicider, mais elle voulait être seule, TOUTE SEULE. Dans un élancement surhumain pour son état actuel, elle s’approcha de la baignoire, et elle se laissa tomber devant. La kunoichi ne sentit même pas le choc très dur de ses genoux contre le sol, elle appuya ses bras contre le rebord blanc de la baignoire, en fixant le fond. La moitié de ses cheveux tombait à l’intérieur, sans importance. Aïko trembla, de tout son corps, de tout son être, elle n’en pouvait plus, elle avait si mal de tout ça…si mal…Elle ne devait pas montrer ses émotions, c’était indigne d’un ninja…MAIS ELLE S’EN FICHAIT ! C’était quoi ce code à la con ? Cela ne l’empêchait aucunement de combattre, de tuer et de s’être forgée une réputation mauvaise sans l’avoir quémandé ! Sans relever la tête, Aïko fit couler l’eau, chaude ou froide cela lui importait que trop peu. Non elle n’allait pas se noyer non plus…
N’attendez pas de chute à ce post.
Il était parti, et plus rien n’avait de sens pour elle.